Avis : Dani jouera encore régulièrement à Pharaon en 2022, car ce jeu de construction de villes légendaire est son favori absolu du genre, qui ne peut même pas être remplacé par Anno.
Uff. Respire profondément. Je suis assis devant cette page blanche depuis plus longtemps que je ne voudrais l »admettre. Car écrire sur quelque chose qui compte autant pour soi ressemble parfois à un véritable projet monumental. Mais si vous lisez cet article, c »est que Géraldine du futur a probablement réussi, d »une manière ou d »une autre, à exprimer son amour pour Pharaon. Et pour cela, jetons d »abord un coup d »œil à Géraldine du passé.
C »est un beau dimanche de l »an 2000, les ordinateurs personnels n »ont heureusement pas explosé dans le monde entier au tournant du millénaire, la radio diffuse « Spirit of the Hawk » de Rednex et la petite Géraldine du passé est heureuse, car elle a encore un rouleau de Hubba-Bubba plein au goût de framboise.
C »est alors qu »elle trouve sur le bureau de son père un CD-ROM anodin qui va marquer de manière décisive le cours de sa vie. Un autocollant gris, sans motif, avec un seul mot dessus : Pharaon.
La petite Géraldine a alors une obsession presque absurde pour l »Égypte et commence à découvrir le monde de la stratégie de construction avec son père. Bien avant qu »elle ne sache ce qu »est une stratégie de construction. Lorsqu »elle comprend que c »est même un genre entier, elle se lance avec enthousiasme dans de nouveaux jeux, en espérant y trouver la même grandeur. Seulement pour constater que Pharaon est resté unique jusqu »à aujourd »hui.
Vous voyez, mon amour pour Pharaon est teinté d »une grande dose de nostalgie, mais c »est bien plus que cela. Après tout, je rejoue à Pharaon au moins une fois par an depuis cette époque et je constate à chaque fois que ce type de jeu a laissé un vide dans mon cœur que même Anno ne peut pas combler.
Au-delà du superbe décor
Clairement, c »est l »Égypte antique qui m »a initialement fait tomber sous le charme de Pharaon. Mais aussi l »amour du détail avec lequel ce cadre est mis en œuvre à chaque coin du jeu.
Chacun de mes habitants est simulé individuellement et constitue un personnage à part entière en fonction de son travail. Les femmes du marché portent des jarres peintes de couleurs vives dans les rues, les pompiers patrouillent avec des sacs d »eau remplis, les ouvriers qui construisent mes monuments géants (je ne parle que des pyramides !) transportent des tonnes de briques sur le chantier.
Je peux cliquer sur chacun d »entre eux et apprendre, par une ligne de dialogue amoureusement mise en musique, comment ils se portent et où en sont leurs responsabilités. À l »époque, j »ai même utilisé cette méthode plus souvent que le menu des statistiques. Lorsque le policier me disait avec satisfaction que le taux de criminalité dans le quartier était faible, je pouvais moi aussi me détendre.
Dans Anno, je ne peux que rêver de ce genre de simulation des différents habitants. Même les marchandises sont simulées et représentées visuellement dans Pharaon, jusqu »au dernier rouleau de papyrus. Dans mon entrepôt, je peux indiquer exactement les marchandises que j »accepte et celles que je refuse. Cela se voit aux rouleaux de tapis, aux jarres d »argile et aux blocs de pierre qui s »y empilent. Je peux ainsi gérer des entrepôts pour des ressources très spécifiques. Il n »y a pas d »entrepôts qui se partagent les mêmes ressources et qui fonctionnent comme un portail magique (oui, je te regarde à nouveau, Anno 1800).
Le placement des entrepôts, des zones résidentielles et des sites de production devient un véritable puzzle que je dois sans cesse ajuster.
Une ambiance unique et beaucoup d »humour (involontaire)
Mais je fais aussi le même puzzle avec les ornements, qui se forment de manière étonnamment organique pour l »époque et constituent un véritable plaisir pour les yeux. Si je place plusieurs modules de parc l »un à côté de l »autre, ils forment automatiquement un complexe de parc plus grand, les dalles de sol décoratives ont à leur tour l »un des nombreux motifs aléatoires et forment une magnifique mosaïque – ou directement une place entière si je les combine.
L »atmosphère de Pharaon est magnifique. Le design sonore m »envoûte à chaque fois dès la première seconde. Le murmure sur la place du marché, l »agitation sur le chantier, l »activité dans les ateliers de production. Le niveau d »eau du Nil détermine quand mes ouvriers travaillent dans les champs ou quand ils ont le temps de mener à bien mes magnifiques projets monumentaux. Dans le même temps, je dois constituer des réserves de nourriture suffisantes avant la marée haute.
De temps en temps, une armée d »hippopotames fait irruption dans ma ville et piétine les habitants. En fait, c »est dramatique, mais mon père et moi pouvions déjà en rire à l »époque. De même que la tragédie pure et simple lorsque nous devions démolir un immeuble d »habitation. Nous mettions alors à nu une pauvre famille à sa table de petit-déjeuner, qui restait encore une seconde sans toit, puis s »en allait tristement avec un sac sur l »épaule.
Je n »ai jamais établi une relation aussi personnelle avec les habitants dans un jeu de construction que dans Pharaon. Pour chaque maison et chaque colonie, j »ai une idée du type de personnes qui y vivent, de leur lieu de travail et de la divinité à laquelle elles rendent hommage.
En théorie, ils peuvent apporter des bonus et des malus à mon peuple s »ils sont honorés par des temples et des fêtes ou s »ils sont ignorés. Dans la pratique, ce sont des bras cassés qui n »ont rien à envier à leurs collègues. Je peux construire 40 temples et 100 sanctuaires pour Bastet, mais qu »Osiris n »en ait qu »un de plus ! Mes entrepôts seront alors incendiés
Pharao n »est pas parfait non plus
Vous le voyez, Pharaon n »est pas non plus toujours le Saint Graal des jeux de construction. Toutes les mécaniques ne sont pas toujours parfaitement équilibrées et tout ne fonctionne pas comme prévu. On aurait très bien pu supprimer tout l »aspect militaire. Si je ne fais que placer de l »infanterie à chacun des trois points d »apparition possibles des troupes ennemies et que je donne des ordres automatisés, je ne remarque généralement même pas que je suis attaqué – mes guerriers écrasent si rapidement les challengers. Mais je ne manque de rien, la guerre est la partie la moins amusante de tout jeu de construction stratégique.
Le fait est que Pharaon et les autres représentants d »Impressions Games, Ceasar et Zeus, ont ouvert une brèche dans la stratégie de construction qui n »a pas encore pu être comblée. Non seulement le cadre de l »Antiquité a été largement dédaigné depuis, mais les mécanismes liés à la gestion des entrepôts, à la construction de monuments, au culte des dieux et aux marées n »ont jamais été retrouvés sous cette forme.
Je n »espère jamais qu »Anno devienne plus que Pharaon. Anno est conçu exactement comme il est, et ce pour une bonne raison. Une simulation individuelle des habitants et des marchandises, par exemple, bouleverserait l »équilibre global et le centre de gravité du jeu. Anno reste Anno. Et Pharaon reste Pharaon. Sauf que ce dernier n »a pas été poursuivi depuis 23 ans.
Oui, les séries Stronghold et Tropico fournissent toutes deux un niveau de détail similaire en matière de simulation de population, mais elles mettent trop l »accent sur les sièges de châteaux et les intrigues politiques pour que je puisse les remplacer.
C »est pourquoi je dirige mon regard vers deux vaisseaux à l »horizon : l »un a chargé le grand remake de Pharaon, qui ramène ce jeu de construction légendaire dans une version moderne. L »autre, quant à lui, porte Builders of Egypt, qui devrait être une sorte de remake 3D non officiel du classique. Mais cela appartient à l »éditeur Playway … et c »est encore une autre histoire.
J »espère que les futurs développeurs de jeux de construction n »oublieront pas ce qui a fait de Pharaon, Ceasar et Zeus de si grands jalons, auxquels on joue encore aujourd »hui avec passion. J »espère que parmi tous les clones d »Anno et les héritiers de Banished, il y aura de temps en temps une simulation de construction de villes qui fera revenir l »esprit d »Impressions Games. Et j »espère qu »un jour, je pourrai à nouveau acheter des rouleaux Hubba-Bubba au goût de framboise au supermarché. On a encore le droit de rêver.